Démarche
Pour les représentants du genre Homo, il y a environ 800 000 ans, le vêtement lié à un instinct de protection était une peau de bête. Pour l’homme contemporain, si le vêtement le protège toujours des agressions physiques, cette seconde peau, dans le prolongement du cerveau, prend fonction d’un langage qui vient à parler de l’individu qui la porte.
Le textile, partie ciselée du vêtement, composé de fibres organisées en réseaux est une création de l’homme en image au processus de création du monde : du plus simple vers le plus complexe, de l’unité vers la multiplicité, la fragmentation et la séparation.
Aujourd’hui encore, l’homme au sommet de la chaîne alimentaire agit comme un être supérieur, tout puissant, sans considération par rapport au milieu qui l’entoure. Je crois que l’avenir de l’homme s’enracinera dans la connaissance de ses limites, dans la maîtrise de sa concupiscence et dans la prise de conscience de l’infinie richesse de la nature mais aussi de sa fragilité.
Depuis un temps d’avant les mots, le textile au sens large du terme tisse une relation essentielle avec l’être humain, il prend part à son évolution, à son individuation. En effet, l’homme est un animal social, en tant qu’animal, le textile répond à son besoin essentiel de protection, un besoin dirigé vers son intériorité, en tant qu’être social, le textile, système de signes, répond à son besoin vital d’intégration à un milieu social, un besoin dirigé vers son extériorité.
Dans cette double fonction, l’une dirigée vers l’intime, l’autre vers le social, le textile en vient à parler de l’homme, il est un témoin de son évolution en tant qu’individu.
Je m’intéresse à l’homme, je m’intéresse à la nature, je veux travailler au lien indéfectible qui relie l’homme à l’univers. Le textile, fibres organisées en réseau, est mon matériau ; système de signes, il est mon langage.
Photos : Bart Decobecq